• FINAL FANTASY X - WORLD GUIDE - LE VOYAGE D'UN GARÇON

    Le voyage d’un garçon

    Le voyage d’un petit garçon considéré comme un génie et celui d’un soldat invincible. Un lourd voyage qui les plongera dans une spirale de mort.

     

    FINAL FANTASY X - WORLD GUIDE - LE VOYAGE D'UN GARÇON

     

    L’enfant prodige

    « C’est la première fois que tu prends le large ? » demanda l’homme portant une épée géante. Le vent marin soufflait avec une force qui couvrait sa voix. Il se tenait près de l’enfant.

    « Oui ! C’est super ! »

    Le petit garçon répondit avec excitation tandis qu’il regardait le mouvement des vagues depuis le bord du pont, tournant le dos à l’homme.

    Le garçon serrait les poings de ses mains moites. Les montagnes, à la merci des vagues incessantes semblaient comme emportées par celles-ci. Le bateau qui naviguait en ces flots n’était qu’un amas de planches instable. Il avait le sentiment de se trouver dans un endroit improbable.

    Il était effrayé.

    Vivre dans ce monde impliquait ainsi d’y perdre la vie. Il pensait que ce voyage l’exposait à ce danger. Cela l’effrayait.

    Il pensait aussi que cette peur habitait les adultes.

    Ils surmontaient les vagues agitées quand le bateau accosta indemne.

    Les bâtisses étaient si immenses qu’on aurait dit des falaises alignées sur la côte. Le littoral aussi était entièrement fait de pierres, ni sable ni pierre naturelle ne s’y trouvaient.

     Le vent marin faisait virevolter les cheveux du jeune garçon.

    Il n’était qu’un enfant. C’était ce qu’il détestait par-dessus-tout, d’être traité comme tel. Il renvoyait alors des regards noirs afin de ne pas être pris de haut. Plus on persistait à le traiter comme un enfant, et plus il souhaitait grandir, devenir adulte.

    Depuis qu’il était tout petit, les gens parlaient de lui comme d’un enfant prodige.

    À l’origine, un Invokeur se devait d’accumuler l’expérience de la vie, des moments de joies et de peine afin d’avoir la force d’échanger avec les Priants. Pour devenir Invokeur, il était nécessaire de faire montre de ses pleines capacités via des entraînements intensifs dans les temples et d’approfondir sa connaissance de l’autre monde.

    Ces entraînements impliquaient d’y consacrer un temps important. Cependant, au vu des capacités hors du commun du jeune garçon, ces entraînements ne se résumaient qu’à un court instant.

    Les moines avaient saisi le potentiel du garçon, commençant ainsi sa formation trois ans auparavant alors qu’il n’était âgé que de dix ans. Évidemment, ses parents s’y étaient opposés, car si le temple se trouvait à proximité de leur village (1), il était bien trop jeune pour cette initiation. Seulement, ses deux parents étaient de fervents croyants de Yevon, ainsi, ils ne pouvaient s’opposer à la force de persuasion insistante des prêtres, et avaient été forcés d’accepter. Balayant l’inquiétude de ses parents, le jeune garçon était devenu Invokeur. Ce jour-là, tout le village était en ébullition. Tandis que ses parents étaient en proie à l’inquiétude et la peur, les villageois plaçaient de grandes attentes sur les épaules du jeune garçon. Poussé par ce sentiment grandissant de leur part, il avait donc entrepris son pèlerinage auprès de ses moines gardiens.

    La nuit où il avait décidé d’entamer son périple, ses moines avaient péri de l’attaque de monstres, et des paroles médisantes se répandaient dans le village sur la mort de ces moines. Des personnes cherchaient à entraver le pèlerinage du garçon, d’autres agissaient avec mépris à son égard. L’inquiétude des parents sur l’état de leur enfant ne faisait que s’intensifier.

    Le jeune garçon savait que ses parents ne supporteraient pas de déménager vers la capitale, et il songeait à la responsabilité qu’il représentait pour son âge. Il vivait entre le fossé de l’inquiétude de ses parents et des attentes des villageois.

     

    (1) De nombreux pèlerinages commencent aux temples les plus proches des terres natales des Invokeurs.

     

    Le guerrier

    Le jeune garçon avait quitté son village natal avec ses parents, regrettant d’avoir perdu le lien avec les villageois, car il ne pouvait plus continuer à vivre dans ce petit village. Mais il était surtout en proie à la colère. Il pensait que la cause remontait à l’éducation qu’il avait reçue de ses parents. Il avait du ressentiment à leur égard, puisqu’à cause de cela, il avait dû troquer son enfance pour devenir adulte le plus vite possible.

    Ils accostèrent près de la ville. Ils firent escale dans un dortoir de Bannisseurs d’un village situé entre les montagnes.

    La pluie tombait faiblement pendant la soirée. Les novices Bannisseurs avaient invité le guerrier solitaire et il leur conta le récit de son combat contre un monstre géant aux abords d’un village qui avait attaqué un groupe de Bannisseurs, et de son souhait de le défaire.

    Le guerrier barbu portant une épée géante avait entrepris un voyage solitaire à la recherche de compagnons suffisamment forts afin de terrasser Sin.

    Cette histoire fit le tour du dortoir et le guerrier solitaire s’allongea sur son lit, comme s’il ne les écoutait pas.

    Quand le jeune garçon vit la silhouette du guerrier, il fut pris d’un impact semblable à un coup de tonnerre. Il percevait la véritable force de l’homme et des nombreux combats qu’il avait endurés.

    Il prit alors place près de lui avant de lui demander.

    « Deviens mon Gardien. »

    Le guerrier fixa le jeune garçon du regard.

    « Voyage avec moi et tu n’y survivras pas. »

    « Cela ne me fait pas peur, car je suis un Invokeur. »

    « Ça suffit. »

    Le guerrier lui tourna le dos et poussa un souffle dans son sommeil.

    Le jeune garçon abandonna et organisa ses bagages.

    Dans la valise de son père se trouvait une sphère d’enregistrement. Le jeune garçon se rendit alors derrière le dortoir afin d’enregistrer son message.

    « Je suis devenu Invokeur afin d’apporter la Félicité, rendre mes parents fiers de moi. Je veux apporter un monde dans lequel nous pourrons vivre heureux ! »

    Après le souper, le jeune garçon emballa ses affaires et s’allongea afin de préserver ses forces.

     

    Début du voyage

    Ses parents dormaient tandis que la pluie continuait de tomber. Pendant ce temps, le guerrier préparait ses affaires avant de quitter le dortoir au milieu de la nuit.

    Le jeune garçon avait aperçu sa silhouette dans la pénombre. Il s’empara de la sphère enregistrée qu’il avait posée sur la table de chevet de ses parents, puis suivit le guerrier à l’extérieur.

    Au fur et à mesure que le guerrier prenait de la distance, les arbres devenaient comme des ombres sous la pluie. Le jeune garçon devait courir afin de rattraper la marche du guerrier, qui ignorait toute cette agitation, ou plutôt, il ignorait le jeune garçon. La route n’en était pas moins dangereuse, mais le garçon se dit que s’il rencontrait quelques difficultés, il pouvait toujours fuir et rentrer.

    Le sentier de bois tournait vers la droite. La silhouette du guerrier cachée par les nombreux arbres. Le jeune garçon courait de toutes ses forces alors que des monstres le pourchassaient.

    Il avait anticipé cette poursuite. Son véritable premier combat. Jamais il ne pourrait apporter la Félicité s’il ne parvenait pas à bout de ces monstres. Il décida alors d’appeler sa chimère.

    La créature surgit des cieux et écrasa les monstres par la force de ses ailes. (2) Ces derniers se changèrent alors en furolucioles avant de se dissoudre dans l’air humide.

    Une fois défait du danger, le jeune garçon rattrapa le guerrier qui se tenait immobile dans un coin du sentier, comme s’il l’attendait.

    Le jeune garçon se sentait plus adulte. Ce premier combat lui avait donné confiance en lui. Il avait terrassé les monstres avec sa propre force, et avait ainsi réussi à retenir le guerrier. Ces deux événements lui procuraient une certaine satisfaction.

    Il s’étira et se présenta devant le guerrier.

    « J’ai l’intention d’embarquer. »

    « …Moi aussi. » lui répondit le guerrier. Il ne s’agissait pas seulement d’être protégé, ils étaient désormais liés par ce voyage. Cette perspective enivrait le jeune garçon, qui sentit ses larmes lui monter aux yeux. Afin de ne pas les montrer, il prit les devant et reprit sa marche.

    Puis ils prient tous deux le même bateau.

     

     (2) Il s’agit probablement de la chimère Valefore. Il semblerait donc que le pèlerinage du jeune Invokeur ait commencé près de l’île de Besaid, et que sa ville natale se trouve près de celle-ci.

     

    La première ville

    Les cheveux du petit garçon volaient dans la brise marine. Les fortes vagues passaient par-dessus bord tandis que le jeune Invokeur et le guerrier arrivaient au port de la plus grande ville de Spira (3). Le jeune garçon n’avait encore jamais vu une ville aussi imposante, et il en était particulièrement excité.

    « C’est incroyable que l’on puisse construire pareille ville. Mes parents avaient l’intention d’y vivre. Ils ont déjà dû embarquer à l’heure qu’il est… »

    « Ça te préoccupe ? »

    « Non, je ne veux pas rentrer. Je me dis simplement que je me dois de terrasser Sin le plus vite possible. »

    C’est ce qu’un adulte doit faire, se dit-il.

    Pour un garçon qui avait grandi dans un village où il connaissait tout le monde, cette ville dont la population était importante lui paraissait bien étrange. Il se trouvait dans un lieu qu’il ne connaissait pas et où il ne connaissait pour ainsi dire personne. Pour lui, c’était une nouvelle expérience, un défi personnel à surmonter.

    Après s’être donné un lieu de rendez-vous avec le guerrier, il alla seul visiter le port et faire le tour de la ville. La population se composait d’ethnies diverses : des Al Bhed, des Hypello, et des Pelupelu, autant de races inconnues pour le jeune Invokeur qui réalisa à quel point le monde était vaste.

    Lorsqu’on lui confia une sphère enregistreuse à la réception dans le cadre de sa visite, il se souvint de ses parents. C’est alors qu’un Pelupelu réceptionniste lui dit :

    « Afin de garder une trace de son passé, tu dois payer de ton temps. Je parle de Gil. Pour en avoir, tu utilises ton temps. Les Gils sont la preuve de tes efforts. Donc, en payant en Gil, tu paies indirectement de ton propre temps. »

    Il continua sa tirade d’un sourire en coin.

    « En payant ton temps, ne deviens-tu pas nostalgique de ton passé ? Ou bien est-ce trop difficile à comprendre pour un enfant ? »

    Ses parents lui revinrent en mémoire, avec des souvenirs qu’il aurait aimé garder tout au fond de son cœur. Il n’avait pas le temps de regarder des sphères. De plus, il n’était pas reconnaissant au Pelupelu de le traiter comme un enfant.

    « Ça existe, quelque chose de difficile ? » Le jeune garçon partit sur ses mots enfantins.

     

    (3) La ville immensément peuplée est probablement Luca. Même à cette époque, la ville était agitée.

     

    La voie du guerrier

    Au bord d’une longue route se tenait la statue de l’imposant fondateur des Bannisseurs. (4) Peu de temps avant, le jeune Invokeur et le guerrier avaient combattu un monstre dont le cri d’agonie résonnait dans leurs tympans, puis, le monstre disparut dans une myriade de furolucioles.

    Les deux compagnons étaient amenés à combattre en duo. Le guerrier avait toujours fait cavalier seul avant de rencontrer le jeune garçon, et non par choix. Mais il avait déjà eu des compagnons par le passé.

    Cela remontait à son adolescence, à une époque où il croyait en ses capacités d’épéistes hors pair. Afin de démontrer cette force, il s’était engagé dans les Bannisseurs. Par candeur, il croyait pouvoir mettre sa force à profit dans ce monde.

    Son premier adversaire, une squame de Sin, avait terrassé ses camarades Bannisseurs les uns après les autres. Cependant, le commandant, fermant les yeux sur les morts de ses soldats, avait ordonné la poursuite de l’attaque. Par son incompétence, le commandant affirmait fièrement que de tels sacrifices étaient nécessaires pour accomplir l’opération. Le guerrier tua alors le monstre de ses coups de poings.

    Le guerrier, en pleine réminiscence, fut ramené à la réalité par la voix du jeune garçon.

    « Oh, des chocobos ? »

    Au milieu du chemin, un Al Bhed proposait des chocobos en location. Le guerrier loua alors un chocobo à l’homme dont il percevait tout l’art du commerce.

    Cela faisait bien longtemps que le guerrier n’était pas monté à dos de chocobo.

    Monter un chocobo demandait un certain coup de main. Cela ne consistait pas seulement à manier les rennes, mais aussi les hanches sur sa monture. La base des pattes des chocobos étant très larges, il fallait tenir sa trajectoire. Par conséquent, les chocobos se déplaçaient lentement. En les guidant, ils pouvaient galoper et ainsi augmenter leur vitesse de déplacement.

    Les chocobos exerçaient une force du côté intérieur de leurs pattes dans les virages, donnant ainsi le sentiment que la partie inférieure de leur corps leur permet de s’orienter en tirant légèrement les rennes. En montant sur la taille d’un chocobo, il n’était pas peu dire que c’est la partie inférieure de son corps était importante.

     

    Le jeune Invokeur était monté devant, et le guerrier dirigeait le chocobo derrière lui. Le jeune garçon avait évidemment exprimé sa volonté de monter le chocobo par lui-même, mais il n’avait pas encore la constitution physique pour cela. Il ne s’agissait pas de le traiter comme un enfant, mais le jeune Invokeur avait conseillé d’économiser les frais du voyage et avait donc consenti à laisser le guerrier diriger le chocobo.

    Le chocobo défiait le vent dans sa course.

    Le garçon s’était endormi au cours du voyage. En voyant son visage, un vieux souvenir surgit dans la mémoire du guerrier.

    À l’issue de ce combat contre la squame de Sin, le guerrier fut accusé d’hérétique et excommunié des Bannisseurs pour avoir ignoré des ordres de son commandant à multiples reprises, provoquant ainsi la discorde. Certes, les Bannisseurs comptaient des guerriers parmi leurs membres, et ceux-ci n’étaient pas seulement choisis pour leur art du combat mais aussi pour leur jugement stratégique. Ainsi, ils ne devaient aucunement manquer de contrôle ou de discipline.

    Mais le guerrier ne l’entendait pas de cette oreille. L’objectif était-il d’assujettir le monstre, ou bien ceux qui l’abattent par le maintien de l’ordre ? Ce sentiment l’avait amené à douter du sens de l’existence même des Bannisseurs.

    Le guerrier avait toujours pensé qu’un combat ne pouvait être remporté aisément par la force accumulée du nombre. Selon lui, c’était lorsque l’un venait à surmonter les obstacles seul qu’il pouvait vivre pleinement en groupe. Si l’un ne parvenait pas à combattre seul, il ne valait rien, peu importait le nombre. C’est dans cet état d’esprit que le guerrier avait quitté les Bannisseurs et décidé de faire cavalier seul.

    Il ne pensait pas faire preuve d’arrogance à l’époque.

    Ses pensées refaisaient surface tandis que le guerrier montait le chocobo. Il savait bien que son voyage n’était pas chargé en souvenirs, mais son passé l’obsédait, et il ne savait que trop bien ce qu’impliquait un voyage sans compagnons. Il connaissait ce sentiment d’être prisonnier de son passé.

    Il dédaignait le garçon.

    Celui-ci rouvrit les yeux et les posèrent sur le guerrier.

    « On forme une équipe tu sais. »

    C’était comme si le petit garçon avait percé le cœur du guerrier, faisant de lui un allié sur lequel il pouvait compter. Il n’y avait pas d’âge pour considérer quelqu’un comme tel.

     

    (4) La statue du fondateur des Bannisseurs, Mi’ihen, se tient sur la route éponyme à la sortie au nord de Luca. Il s’agit probablement de ce chemin. Les Bannisseurs ont été fondés afin de terrasser Sin.

     

    La vie et la mort

    Le jeune Invokeur et son guerrier poursuivaient leur marche entre une falaise en pente sur leur gauche et la mer à leur droite. (5) Combien de jours avaient-ils passés ensemble au cours de leur voyage ? La profondeur du lien entre deux personnes ne dépend absolument pas du temps passé, mais de la densité du lien qui peut se forger en peu de temps entre les deux. Il s’agit de parier la vie pour un voyage qui relie les gens de manière inattendue.

    Le guerrier se remémora son temps passé avec ses camarades d’autrefois. Quand il avait été exclu des Bannisseurs, le guerrier avait erré, à la recherche de combattants aguerris. C’est pendant cette errance qu’il fit la rencontre d’un Invokeur et son gardien. Il s’était joint à leur voyage et c’était la première fois que le guerrier rencontrait des hommes possédant une force égale à la sienne, et continuait le pèlerinage en sachant qu’il pouvait compter sur eux chaque jour, qu’il poursuivait sa route sans redouter l’échec.

    Le jeune Invokeur quant à lui imaginait un futur dans lequel ses parents admiraient une statue érigée en son honneur. Il apporterait un début de Félicité, et conterait ses aventures auprès du guerrier à ses parents, ses propres hauts-faits. Il deviendrait une légende qui se transmettrait au même titre que les préceptes de Yevon, un monde dans lequel il pourrait vivre.

    Un rugissement effrayant extirpa alors les deux compères de leur rêverie. L’énorme monstre arborait une longue queue et des yeux rouges perçants. Les deux compagnons furent pris par surprise.

    L’ébène recouvrait la musculature de l’imposante bête. Des griffes aiguisées à ses pattes avant, une longue queue similaire à un serpent, des yeux rouges dignes d’un cobra. (6)

    Ses yeux rouges se mirent à briller d’une lueur perçante, et le jeune Invokeur fut alors pris d’une douleur lui coupant le souffle puis d’une raideur qui le fit gémir. Sa peau devint alors moite et sa lueur dans ses yeux s’était éteinte. Le jeune Invokeur avait été changé en pierre.

    Soudain, le guerrier trancha le monstre de son épée. En exerçant un poids de tout son torse, la bête fut alors coupée en deux avant de disparaître en furolucioles. L’état fossilisé du jeune Invokeur se dissipa au même instant, la lueur dans ses yeux et sa peau redevinrent normales. Comme s’il avait été soumis à une malédiction qui aurait été levée aussitôt le monstre terrassé. Le jeune Invokeur haussa alors les épaules en arborant un sourire qui trahissait son échec.

     

    Le guerrier fut soulagé face au sourire du jeune garçon avant d’être surpris par son propre soulagement.

    Il se souvint de la peine qu’il avait ressentie lorsqu’il avait perdu ses camarades d’antan, mais il n’avait pas abandonné, sa détermination n’avait pas flanché. Cette détermination commune de ses camarades décédés était la preuve qu’il n’existait pas qu’un seul avenir pour lui, qu’il protégeait ses compagnons. Ce n’était pas seulement un objectif, mais une conséquence. Un lien entre lui et ses compagnons qu’il protégeait et qui le protégeaient en retour. Il pensait que ses confrères qui se battaient seuls menaient une lutte commune. Même s’il n’avait qu’un seul compagnon, il pouvait reconnaître ses capacités. Ainsi, il n’avait aucun mal à accepter toute la peine qu’il ressentait face à la perte d’un allié.

    Cependant, dès l’instant où le jeune garçon s’était changé en pierre, le cœur du guerrier en fut bouleversé. Il se surprit à penser qu’il ne voulait pas que son voyage auprès de lui s’arrête ici, et fut pris de court par ce sentiment.

    Le jeune garçon était-il différent de ses anciens camarades ?

    Ou bien était-ce eux-mêmes qui étaient prisonniers du passé ?

     

    Parmi ses compagnons se trouvaient des personnes qui avaient perdu leurs familles, leurs proches, massacrées par Sin. Beaucoup de gens s’étaient lancés dans ce pèlerinage à cause de leur passé. Le guerrier quant à lui avait tiré un trait sur son futur dans un combat pour régler son compte avec son passé. Les forts étaient ceux qui faisaient fi de leur passé, car ils n’ont pas seulement la force de protéger autrui, mais aussi la force d’avancer. Ces gens se lançaient dans un voyage vers la mort, voyage où ils cherchaient un moyen de disparaître.

    Mais il n’en était pas de même du voyage du jeune garçon. Le guerrier le savait, étant membre de ce voyage auprès de lui. Celui-ci se battait pour l’avenir. Son combat l’amenait à surmonter la mort de son enveloppe charnelle et vivre dans le cœur de la population en tant que légende.

    Le guerrier avait accepté l’approche du jeune garçon, car il avait rejeté la mort. Il avait non seulement décidé du lieu de sa mort, mais menait une lutte afin de continuer à vivre. Afin de perdurer dans les mémoires des gens, il était déterminé à mettre fin à son existence charnelle. C’était la première fois que le guerrier rencontrait une personne avec cette façon de penser et d’agir, et se dit qu’il allait essayer de le soutenir dans cette façon de vivre. Voilà pourquoi son cœur en était tout chamboulé.

     

    (5) C’est ici qu’a lieu l’Opération Mi’ihen durant le voyage de Yuna. Les Bannisseurs et les Al Bhed s’allient dans une opération d’envergure pour détruire Sin.

    (6) Il s’agit probablement du Basilisk.

     

    Le conteur de légendes

    « Je me demande ce que ressent le prochain Priant. J’ai hâte. »

    Ils approchaient un temple qui dégageait de la foudre. (7)

    Le guerrier savait quel Priant résidait dans le temple, et à quelle invocation il était lié. Lorsqu’il était gardien il y a longtemps, il avait déjà pénétré en ses murs. Tous ses camarades étaient morts depuis.

    Le jeune Invokeur affirma d’un ton assuré : « Je deviendrai un grand Invokeur, et une statue sera érigée dans ce temple !

    Je ne veux pas grandir dans la peur. Les hommes sont inéluctablement amenés à mourir, ainsi, je souhaite laisser une trace derrière moi. Accomplir de grandes choses, et d’être reconnu pour mes exploits. Reconnu de tous et que mes parents soient fiers de moi. » Avait-il déclaré avec ferveur.

    Le guerrier jeta un regard ébloui sur le jeune garçon. Ainsi, les liens entre les gens ne dépendaient pas de leur âge, mais de leur volonté à miser leur vie pour l’avenir qu’ils chérissaient.

    « Je n’ai pas de telles aspirations. Ça te dérange ? » Osa demander le guerrier.

    « Non, ça ne fait rien. Tu dois juste faire en sorte que les gens se souviennent de moi. Promets-moi de veiller sur moi dans cette tâche. Raconte à mes parents notre voyage et le moment où j’aurais terrassé Sin. »

    Pour quelqu’un qui souhaitait devenir adulte, ses paroles ressemblaient à celle d’un enfant.

    Car c’en était un.

    Dans ce monde, les enfants portaient le poids de responsabilités bien cruelles qu’ils ne pouvaient mener à bien. Quant au guerrier, il souhaitait protéger l’enfant. Au début, il agissait pour son propre intérêt, mais il avait désormais quelqu’un pour qui il était prêt à se battre pour le protéger.

     

    (7) La route de Djose se trouve juste après la route des Mycorocs, avec un temple qui se trouve à l’entrée de la ville.

     

    La mort des compagnons

    Le guerrier avait poursuivi son voyage en tant que gardien pour un Invokeur qui venait d’acquérir une chimère auprès d’un priant qui sommeillait dans un temple foudroyé.

    Les combats étaient d’une violence extrême, pourtant, ni le guerrier ni ses amis n’étaient en proie à la peur, car la peur impliquait de vivre en rejetant la mort. Celui qui refusait de mourir faisait preuve de lâcheté face aux crises de la vie. En étant ainsi soumis à la peur, le cœur était susceptible de flancher. Ainsi, le guerrier et ses compagnons intrépides affrontaient les monstres et aussi la peur elle-même afin de ne pas être emporté par elle. Ces gens qui n’avaient plus rien, qui se battaient pour un futur qu’ils n’avaient pas, qui terrassaient toute bête sur leur route étaient ceux pour qui la voie vers la mort était déjà tracée.

    Puis la mort venait au bout du chemin. Le monstre attaquait sans relâche le groupe avec son attaque de pétrification. Ils n’avaient plus de défigeur (8), n’étaient plus en état d’utiliser une magie curative, et le guerrier fut touché par l’attaque. Les victimes touchées par une attaque de pétrification n’entraient pas seulement dans un état de mort, mais leur corps eux-mêmes leur était dérobé. Elles ne se changeaient pas simplement en pierre.

    Elles perdaient certainement la capacité de se mouvoir ainsi que toute trace de vie sur leur peau et dans leur regard, mais leur conscience persistait et elles voyaient autour d’elles. Telle une paralysie, il était impossible de bouger. Par conséquent, le guerrier, atteint de l’état de pétrification, assistait impuissant à la mort de chacun de ses compagnons. Ne pouvant fermer les yeux devant cet horrible spectacle, il était condamné à regarder le massacre se dérouler sous ses yeux.

    Ses compagnons étaient prêts à affronter la mort, mais qu’avaient-ils pensé au moment où celle-ci frappa à leur porte ? Le guerrier l’ignorait. Désormais le seul survivant, il fut pris d’une colère ineffable, puisqu’il avait entièrement assisté au massacre de ses amis, et il maudissait son impuissance.

    « Je suis content de faire mon pèlerinage avec toi le vieux ! »

    Les paroles innocentes de l’enfant ramenèrent le guerrier, alors pris de réminiscence, à la réalité.

    L’enfant lui désigna alors le temple devant eux. Celui-ci avait le même aspect qu’à l’époque où il s’y était rendu avec ses anciens compagnons de voyage, mais le guerrier percevait une différence. Une différence dans le lieu, mais aussi dans son cœur.

     

    (8) Un objet pour lever l’altération d’état fossile. C’est une aiguille trempée dans de l’or qui permet de lever la malédiction. (Note personnelle : Dans FFX, l’objet qui soigne l’état fossile se nomme « Défigeur » en français, mais la version japonaise se traduit par « Aiguille d’or », appellation utilisée en français dans d’autres épisodes de la série comme FFXV.)

     

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    Une mort imminente

    La foudre se projetait par endroits.

    Le chant du priant résonnait calmement dans le temple.

    Le guerrier avait passé la salle de l’épreuve.

    En chemin vers la chambre du Priant, le jeune Invokeur dit au guerrier : « Avec cette nouvelle chimère, je deviendrai encore plus fort ! »

    La volonté de réaliser ses vœux était la force du jeune garçon. Mais qu’en était-il du guerrier ? Pourquoi cherchait-il cette force ? Il songea.

    Le but initial était bien de terrasser Sin. Pas seulement pour le garçon puisque telle était son intention lorsqu’il avait rejoint les Bannisseurs. Mais plus il y songeait, et plus il se trompait. Il voulait en réalité mettre sa force à l’épreuve, s’assurer qu’il avait la force de surmonter la mort face à face. Ses anciens compagnons avaient sûrement la même ignition en eux. En mettant un terme à Sin dans le monde de Spira, ils espéraient mettre un terme à la mort elle-même et ainsi prouver leur force.

    C’était autant une finalité qu’un moyen pour lui de croire à un sens dans sa vie, sans jamais faillir face à la mort et sans jamais perdre devant l’adversité. Mais le jeune Invokeur avait un autre objectif : plutôt que d’affronter la mort, et plus qu’à la braver, il était déterminé à l’accepter. Pour le guerrier, cette façon de vivre allait au-delà de tout ce qu’il pouvait imaginer.

    Il n’y avait aucune bonne réponse face à ce dilemme. Qu’est-ce qui était important pour lui autrefois, et qu’en est-il aujourd’hui… ?

    Un faible éclair retentit tandis qu’ils marchaient lentement, le sol vibrant sous leurs pieds.

    C’était une chose insignifiante, mais le guerrier l’avait bien compris.

    Ce géant qu’était ce temple et ses vibrations qui en émanaient annonçaient une crise sans précédent. Le guerrier sortit du temple, et une fois à l’extérieur, il y trouva la mort qui flottait dans les cieux.

     

    La mort dans l’air

    Depuis la salle de l’épreuve, le jeune Invokeur entra dans la chambre du Priant où régnait une couleur ambre pâle. Cette pâleur provenait du Priant qui sommeillait dans le sol.

    Le Priant tenait sa lance qui ressemblait à des cornes d’un animal et avait le visage caché contre le sol, comme s’il faisait face à une vérité qui le plongeait dans un chagrin profond. (9)

    Le jeune Invokeur frémit intérieurement, comme si ses pensées avaient pris conscience en une force impatiente d’exaucer son souhait : apporter un nouvel avenir au péril de sa vie. La raison pour laquelle il avait entreprit ce voyage, sa raison même de vivre, son objectif véritable. Plus que d’accepter la mort, le jeune Invokeur allait la surmonter. Son enveloppe charnelle ne sera plus, mais il ne fera plus qu’un avec Yevon, et son combat perdurera dans le cœur des habitants. C’était le chemin qu’il souhaitait arpenter.

    Il accorda sa prière pour le Priant.

    Une faible lumière émana alors du Priant et une forme apparu soudain, comme réveillée par un profond sommeil. Plus qu’un magnifique rêve, le jeune garçon avait l’impression de rêver éveillé lorsque le cœur du Priant se mêla au sien.

    Le jeune Invokeur sentit alors en lui grandir une force nouvelle.

    Au même moment…

    Sin se tenait dans le ciel au-dessus du temple, projetant une ombre si immense que l’on pouvait se croire en plein milieu de la nuit. La forme immense de Sin était semblable à une créature marine dont l’ombre surplombait le temple tout entier. Le guerrier levait la tête vers cet être qui obstruait le soleil.

    Et tout fut réduit en pièces.

    De nombreuses créatures lâchées par Sin tombèrent du ciel devant lui et tandis qu’elles se dirigeaient vers lui, les créatures des plaines alentours commençaient à s’approcher à leur tour. Le guerrier n’eut d’autre choix que de s’élancer vers les monstres en serrant les dents.

     

    Une pâle lueur éclaira la salle de l’épreuve, la porte du Priant s’ouvrit, et le jeune Invokeur apparu, la démarche vacillante. Ignorant la bataille qui faisait rage à l’extérieur du temple, le jeune garçon perdit conscience et tomba sur le sol.

    Pendant ce temps, le guerrier combattait les squamelles de Sin. Il avait terrassé les monstres alentours qui s’étaient changés en furolucioles, cependant, les squammelles elles s’étaient rassemblées et leur nombre de ne cessait de grandir.

    Sentant sa force flancher, le guerrier lutta désespérément pour garder le contrôle et lança un ultime sort. Les squammelles s’effondrèrent en même temps que le guerrier. L’apparition des monstres sauvages n’était ni commun ni surprenant, mais ils avaient pris le guerrier pour cible.

    « Je ne peux pas mourir, se dit le guerrier. Je ne peux pas abandonner ce garçon. »

    Il eut alors la force de se lever en s’appuyant sur son imposante épée, et tua les monstres un par un, sans retenue. Ces derniers l’attaquaient de leurs yeux pétrificateurs. Leurs yeux rouges commençaient à briller et le guerrier sentit l’air stagner autour de lui, une odeur désagréable flottait dans l’air. Mais il ne fut pas changé en pierre. Il portait un équipement qui le protégeait de la pétrification, mais le guerrier n’était pas sauvé pour autant. En effet, les monstres poursuivaient leurs assauts, le guerrier n’avait pas de répit même pour se soigner entre les attaques impitoyables, et il renvoyait les coups de techniques de combat apprises d’un ancien compagnon.

    Ses blessures n’étaient que superficielles, mais sa véritable blessure était le poids de la mort qu’il sentait se rapprocher.

    « Serait-ce la fin ? » se demanda-t-il.

     

     (9) Le Priant du temple de Djose fait naître une chimère nommée Ixion, qui a l’apparence d’un cheval avec une corne imposante.

     

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    La nouvelle Chimère

    Au moment où le guerrier sentait sa mort arriver, il vit le jeune Invokeur sortir du temple. À peine avait-il eu le temps de réagir à la présence des monstres que leurs yeux vermillon brillèrent et le changèrent en pierre. Le jeune Invokeur n’avait aucune protection contre cette altération, et il ne possédait aucun défigeur.

    Il devait protéger ce garçon. Il avait déjà combattu pour autrui, mais jamais il ne s’était imaginé détenir une telle force, un tel lien. Il se tenait là, entre le monstre et le garçon, comme dans un cauchemar dans lequel son corps ne pouvait être dicté que par sa force d’esprit. Il protégerait ce garçon du monstre.

    L’équipement du guerrier le protégeait contre la pétrification, mais il était à bout de force. Effondré, des éclairs apparurent soudainement, s’abattant sur les monstres. C’est à cet instant qu’apparu une chimère, son hennissement résonnant dans un éclair éblouissant.

     

    Il s’agissait d’une des chimères que le guerrier avait déjà observées au cours d’un pèlerinage, elle se présentait sous la forme d’un cheval à une corne.

    Le guerrier, à peine conscient, vit la chimère apparaître sous ses yeux comme un halo luminescent. Le jeune Invokeur se rua en direction du guerrier, et leva la tête vers Sin flottant dans le ciel puis entendit la chimère pousser un cri de guerre. Comme prise par l’exaltation, elle lança alors une attaque vive telle une épée tranchant l’air qui déchiqueta les monstres. Si le guerrier avait abattu un troupeau, la chimère avait annihilé tous les monstres sur les lieux tandis qu’un nombre incalculable de furolucioles se fondait dans une énorme masse.

    Pendant ce temps, le garçon était occupé à panser les blessures du guerrier qui retrouva sa conscience ainsi que l’agilité de son propre corps. Il sentit alors son corps reprendre vie jusqu’à la racine de ses cheveux.

    Le jeune garçon quant à lui jeta son regard vers Sin. « Je veux devenir plus fort ! Encore plus fort ! »

     

    Le courant d’une rivière

    Au sortir de la forêt se trouvait le bord d’une immense rivière. (10) L’on pouvait observer l’autre côté de la rive au loin, ainsi que des sélénuphares, desquelles virevoltaient des furolucioles telles de véritables insectes. C’est là qu’il fit la rencontre d’un autre Invokeur pour la première fois.

    Un homme qui empestait l’alcool dormait allongé au bord de la rivière. Près de lui se tenait un autre homme tenant une épée à sa ceinture. Entre les deux, il y avait cet Invokeur. (11)

    L’on pouvait comprendre au premier coup d’œil qu’il s’agissait d’un Invokeur accompagné de ses gardiens. Une force était née de la rencontre entre le jeune garçon et le guerrier, et c’était cette même force qui émanait d’eux.

    Le gardien, qui semblait les avoir remarqués, fit un léger signe de tête, mais n’engagea aucune conversation.

    Tandis que le jeune garçon marchait au bord de la rivière des furolucioles dansant, il dit alors, les yeux pleins d’éclats : « Je n’ai encore jamais fait de cérémonie d’accompagnement. Alors, ne meurs pas le vieux, car je n’aimerais pas que ma première cérémonie soit pour toi. »

    La cérémonie d’accompagnement consistait à sublimer les âmes des défunts afin de les envoyer dans l’au-delà. Effectuer cette cérémonie était considéré comme le rôle principal d’un Invokeur, et n’était pas Invokeur celui incapable de mener à bien cette cérémonie. Le jeune garçon comprenait que cela faisait partie d’une procédure qu’il devait accomplir afin de devenir un véritable Invokeur, cependant, il se demandait s’il avait vraiment les compétences nécessaires afin de réussir cette cérémonie.

    Le jeune garçon pensait employer sa force propre aux Invokeur afin d’invoquer des chimères pour sauver Spira. Même si cette cérémonie incombait de lourdes responsabilités sur lui, il souhaitait faire tout son possible pour terrasser Sin afin que cette tragédie cesse. C’était un rêve d’enfant immature, mais à la pensée de gens proches de lui qui trouveraient la mort, il ne put s’empêcher de penser au guerrier. Quant à ce dernier, il se refusait également de laisser mourir le jeune garçon.

     

    « Waouw ! Alors c’est ça un Shoopuf ? »

    Ces êtres immenses se trouvaient sur la rive sud et pouvaient être montés afin de la traverser, rendant le garçon très confus. Selon les dires d’un Hypello, un gardien, complètement ivre aurait attaqué un Shoopuf. Il s’agissait sûrement des trois hommes près de la rive. Le jeune Invokeur et le guerrier ne se doutaient pas une seule seconde que cet Invokeur allait être celui qui terrasserait Sin, puisqu’il pensait être cet Invokeur.

    Les deux montèrent sur le Shoopuf blessé et pendant la traversée, le jeune garçon, qui observait les environs demanda, innocemment : « Le prochain temple se trouve dans un lieu froid c’est ça ? Il fait pourtant bon ici. » (12)

    « Ah oui, lui répondit le guerrier. Moi non plus, je n’y suis encore jamais allé. »

    « Ah je vois. Dis… j’aimerais visiter l’Au-delà, il sera sur notre chemin ? » Demanda le garçon qui avait brusquement changé de sujet de conversation.

    « En effet. »

    « Alors, on pourra y aller ? J’aimerais le voir. Et puis, c’est là-bas que j’irai une fois que j’aurais tué Sin. » Affirma le jeune garçon en tournant son regard vers la terre ferme au loin, comme pour graver ce paysage dans son cœur. Il savait qu’à sa mort, son âme se séparerait de son corps pour rejoindre l’Au-delà, alors il souhaitait conserver en lui des souvenirs de sa vie passée.

    Puis le jeune garçon commençait à s’endormir avant de plonger dans un sommeil profond pendant  la traversée. L’exaltation de la découverte d’un tel paysage l’avait également fatigué.

    Le pèlerinage d’un Invokeur se montrait éprouvant pour un enfant qui devait se reposer lorsque l’épuisement se faisait sentir, car une fois qu’il sera arrivé sur la terre ferme, il n’aura plus de répit possible. Il n’y aura personne pour le protéger, personne sur qui compter. Il devait marcher de ses propres jambes, et ne compter que sur sa propre force pour se battre et continuer à avancer.

     

    (10) Le Fleuve Sélénos.

    (11) L’Invokeur est probablement Braska et ses deux gardiens Auron et Jecht. Auron devient le gardien de Yuna par la suite, et ce qu’il advient de Jecht est un mystère. Comme mentionné dans le texte, Jecht a provoqué des problèmes sur le point d’embarquement du Shoopuf.

    (12) Le lieu froid dont parle le garçon est probablement le temple de Macalania.

     

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    La chimère inconnue

    Le jeune garçon dormait si profondément, que l’on pouvait croire que sa force l’avait quitté comme si son âme s’était libérée de son corps de son vivant.

    Le guerrier gardait un œil sur son environnement tandis que le jeune garçon dormait contre lui. Il vit alors un autre Shoopuf sur leur droite avec à son bord l’Invokeur et ses gardiens qu’ils avaient aperçus au bord de la rive un peu plus tôt. L’Invokeur et l’homme saoul lui firent un geste de la main en signe de salutation que le guerrier rendit.

    Mais leur salut impliquait plus qu’une simple politesse, c’était une mise en garde.

    Il y eut une violente secousse, et le Shoopuf trembla. Une grande ombre se fraya un chemin juste sous le Shoopuf sur lequel se trouvaient le guerrier et le jeune Invokeur, comme pour l’observer sous la surface, et il vit l’autre Invokeur et ses gardiens nager vers eux. Il entendit un « On va s’en charger ! » qui semblait venir du gardien éméché.

    Le guerrier pu à nouveau constater toute l’étendue de la force qui émanait d’eux. Tout comme le jeune garçon qui percevait la force de l’autre Invokeur, le guerrier sentait dans sa chair même toute la force qui provenait de ses gardiens.

    Comme il s’y attendait, le monstre fut repoussé, tellement que la bête n’était même plus visible à sa surface. L’invokeur avait appelé une chimère que le guerrier n’avait encore jamais vue (13), et qui avait soufflé un rayon de lumière si puissant qu’il avait tout bonnement pulvérisé le monstre. Le guerrier se dit alors que cette chimère était d’une force redoutable, mais que le jeune garçon aussi pouvait dépasser cet autre Invokeur.

    Il l’avait sentit la nuit de leur rencontre, il avait réalisé son potentiel dès l’instant où il vit le regard de l’enfant. Un regard qui cherchait à atteindre quelque chose, un regard déterminé, toujours tourné devant lui. Il avait la force inébranlable de regarder les autres directement dans les yeux, une force qui lui était propre et véritable. Ceux qui possédaient cette force dans leur regard était voués à accomplir de grandes choses.

    S’il en avait été autrement, il n’aurait probablement pas entamé un pèlerinage auprès du garçon. Ce dernier, toujours en proie à un sommeil profond, très profond, n’avait pas été réveillé par l’apparition de la chimère. Peut-être était-il plongé dans un sommeil dont on ne se réveillait pas ?

     

    (13) Il s’agit probablement de la chimère Bahamut, la plus puissante de toutes. Braska a commencé son pèlerinage à Bevelle, il a donc acquis cette chimère avant les autres.

     

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    Une main imposante

    L’atmosphère qui se dégageait des profondeurs de la forêt était pour le moins inattendue. Une ville se tenait entourée d’arbres autour desquels des plantes géantes étendaient profondément leurs racines, sur lesquelles se trouvaient des minerais qui formaient la fondation de la roche et qui laissaient émaner une lumière d’un vert jaunâtre. La demeure du chef de la race des Guados se trouvait à l’arrière de la ville et prenait place en ses murs. Le toit laissait échapper une pale lueur telle une brume de chaleur qui faisait vibrer les environs.

    « Il y a des gens du voyage ici, peut-être des Invokeurs et leurs gardiens parmi eux ? »

    Le garçon se retourna aussitôt avait-il entendu une voix lui répondre dans son dos.

    « Oui, en effet. »

    Répondit un homme aux bras d’une longueur disproportionnée. Le garçon n’avait encore jamais vu un tel visage et une telle morphologie. L’homme surplombait le jeune Invokeur de la longueur même de ses propres mains.

    « Quelles mains imposantes… »

    « Ha ha ha, elles sont bien plus grandes que les vôtres n’est-ce pas ? » Rit alors le Guado. « Notre chef s’est rendu au temple où il sert comme grand prêtre, il est indisposé à recevoir des visiteurs pour le moment. »

    « Ça ne fait rien, nous venons juste visiter l’Au-delà. » répondit le guerrier en même temps qu’il entreprit sa marche.

    Le Guado leur murmura alors : « Bientôt, celui qui porte le poids du destin qui unit les Guados et les hommes les libérera de leur longue vie pleine de souffrance. Un jour viendra où le fils de notre patriarche, né de l’union entre les Guados et les hommes, rétablira ce principe. »

    Ce fils subissait l’exclusion de son peuple en plus des critiques perpétuelles sur l’anormalité de son existence qui le condamnait à une vie emprunt d’une grande tristesse et solitude. (14)

    Expulser les hérétiques qui perturbaient la vie entre semblables était un concept qui émanait d’un attachement primitif vis-à-vis de la communauté. Toute chose était employée à l’égard de celle-ci et il suffisait d’un simple changement au sein de cette fondation pour que la cible de discrimination change à son tour, que le sujet de cette discrimination existe ou non. Cette persécution n’était fondée sur aucune base.

    Le guerrier avait assisté à de nombreuses discriminations au cours de ses voyages. Toutes personnes, indépendamment de leurs similitudes étaient susceptibles de devenir source de discrimination. Elle pouvait être sociale, sexuelle, idéologique, politique ou raciale.

    Le guerrier pensait que la discrimination n’était pas sans rapport avec la perception de soi. N’était-ce pas une forme de discrimination ceux qui étaient incapables de se protéger eux-mêmes ? Leur faiblesse n’incarnait-elle pas une sorte de discrimination ? Ce que l’on attribuait comme une différence incarnait une discrimination ? Pouvait-il affirmer qu’il ne ressentait pas une certaine animosité, du mépris ?

    Le  guerrier se dit que peut-être que le fils du patriarche des Guados se battait afin de ne plus subir cette discrimination et avait-il ainsi entreprit de terrasser Sin dans une lutte comparable ?

     

    (14) Il s’agit probablement de Seymour, né de l’union entre un Guado et une humaine et qui deviendra l’adversaire de Yuna par la suite.

     

    Vers les portes de l’Au-delà

    Ils se tenaient devant l’entrée vers l’Au-delà.

    « C’est ici. »

    « C’est ça, l’Au-delà ? » demanda le jeune garçon tout en levant la tête vers le guerrier.

    « C’est plus loin, là où seules les furolucioles affluent, sans aucune forme charnelle. »

    Le jeune Invokeur marchait en fixant les profondeurs de l’Au-delà, dépassant le pas du guerrier. Il tendait la main vers la frontière entre l’autre monde et la réalité. Aucune sensation au toucher ne lui parvenait, mais l’air ambiant vibrait. Même sans le toucher, le jeune garçon avait la sensation d’effleurer quelque chose, comme une onde qui s’étendait en une sorte de capsule.

    Tout en plongeant son regard vers les profondeurs des lieux, le garçon avança d’un pas et sans résistance aucune, il pénétra dans l’Au-delà. Le guerrier entra à son tour.

    « C’est donc ça, l’Au-delà. » le garçon avait prononcé ces paroles et restait sans voix. De la falaise s’écoulait une cascade où l’on pouvait voir la source d’une sphère telle de l’eau pure.

    Le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux dépassait toute réalité. La cascade ainsi que la source qui s’écoulait semblaient venir d’un autre monde, comme si tout n’était qu’illusion. L’écoulement de l’eau indiquait un passage certain du temps, cependant, ce paysage singulier offrait une vue imprenable sur une rivière où le temps, passé ou futur, n’avait aucun emprise, comme s’il n’existait pas en ces lieux, et que la rivière suivait son cours d’elle-même.

    Puis cette mer de nuages scintillante à travers laquelle virevoltaient les furolucioles qui se mirent à se rassembler à la vue du garçon. Elles devinrent une masse qui prit la forme de ses deux parents sous ses propres yeux. Les deux apparitions restaient silencieuses, le regard posé sur lui.

    « Ah… » Laissa échapper le garçon, incapable de prononcer le moindre mot.

    « Tu as des regrets ? » lui demanda alors le guerrier.

    Le jeune Invokeur secoua la tête, au bord des larmes avant de répondre « Je n’ai pas le temps pour ça… J’étais préparé à ne plus jamais les revoir… Mais qu’ils se trouvent ici, dans l’Au-delà avant moi… Eux qui voulaient tellement que j’apporte la Félicité… »

    « Je vois, c’est pour ça qu’ils sont là. »

    Le garçon tourna le dos à ses parents qui se dissipèrent doucement en furolucioles.

    « Et toi le vieux, tes compagnons vont apparaître aussi ? »

    « Non, ils ne sont pas ici. »

    « Pourquoi ? Ils sont toujours en vie ? »

    « Non, les monstres ont eu raison d’eux. »

    « Ils n’ont pas reçu de cérémonie d’accompagnement alors ? »

    Le garçon réalisa l’importance cruciale du rôle d’un Invokeur dans cette tâche. Il savait qu’il n’était rien de plus qu’un enfant qui refusait d’affronter la mort, car pour lui, un Invokeur est celui qui l’ignore.

    Si l’un venait à mourir des griffes d’un monstre dans une forêt profonde ou dans une vaste plaine sauvage, il devenait un monstre, sous peine de n’avoir pu croiser le chemin d’un Invokeur pour l’emmener dans l’Au-delà. Si la victime était un Invokeur, les chances d’en rencontrer un autre au même endroit étaient bien minces, et nombreux étaient ceux à se transformer en monstres.

    « Je ne dois pas mourir avant d’avoir tué Sin. Tu as compris ? Alors, ne meurs pas non plus le vieux. »

    « … D’accord. »

    Ne meurs pas. Ces mots firent trembler le cœur du guerrier pour la première fois, provoquant en lui un chamboulement encore plus impactant que n’importe quel combat ardu qu’il avait mené jusqu’à présent. On avait besoin de lui, et pas par intérêt.

    « Je veux que tu profites de la Félicité que j’apporterai ! Comme mes parents le voulaient. »

    Le guerrier avait déjà entendu parler de ce lieu par les Al Bhed, de cet endroit où les furolucioles erraient, réagissaient aux sentiments des visiteurs et pouvaient prendre forme. En d’autres termes, l’Au-delà n’était pas un lieu où résidaient les âmes des morts, mais là où l’on pouvait converser avec le souvenir  que nous avions d’eux.

    Malgré tout, le guerrier n’avait pas l’intention d’adopter ce mode de pensée. Mieux valait se dire que l’Homme était voué à mourir dans tous les cas, son âme quittait son corps pour rejoindre l’Au-delà. Selon les préceptes de Yevon, il était plus sage de vivre sans craindre le trépas. Le guerrier avait eu un aperçu de la raison pour laquelle les Al Bhed rejetaient ces préceptes. Jugés trop drastiques, ils incitaient à renier les liens forgés avec autrui.

    Le guerrier partageait un lien avec le petit garçon, il accepta alors silencieusement les paroles de ce dernier d’un hochement de tête. Il ignorait s’il allait jouir ou non de sa Félicité prochaine, il ne fit donc aucune promesse.

     

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    Les secrets d’un voyage

    Des éclairs blanchâtres et une faible lueur rougeâtre. La foudre tranchait l’obscurité. Des tours se tenaient ici et là, des bâtons foudroyés à leurs sommets afin d’attirer les éclairs, tintant les tours d’un rouge cramoisi à l’impact en un instant aussi fugace qu’un clignement de l’œil à chaque impact.

    La pluie tombait sans cesse et les éclairs grondaient en un bruit si retentissant qu’il entrait en collision avec l’air, faisant de ces coups de tonnerre un phénomène si singulier. Ainsi l’on entendait la foudre après l’avoir vue. Plus le tonnerre était éloigné et plus l’écart entre la lumière et le son était important, la vitesse de la lumière étant évidemment plus rapide que celle du son.

    Sur la Plaine Foudroyée (15), les éclairs s’abattaient sans relâche dans un son aussi constant que violent. L’on disait de ces plaines qu’elles « ne pouvaient être traversées sans éviter la foudre sur son chemin. », et nombreux étaient ceux qui perdaient la vie. Par conséquent, des tours dotées de bâtons paratonnerre avaient été construites afin d’attirer la foudre sur celles-ci pour permettre aux voyageurs d’arpenter les plaines de tours en tours tout en restant exposés aux merveilles de ces lieux.

    La tribu Al Bhed, bâtisseur des tours, avait vu leurs noms effacés de l’histoire du temple de Yevon pour avoir employé des machines afin de bâtir ces tours. Comble de l’ironie, ces Al Bhed avaient perdu la vie pendant leur construction.

    Les époques évoluent, mais le danger des phénomènes météorologiques restent immuables. La foudre détenait le pouvoir de dérober des vies comme celles des nombreux voyageurs morts sur ces plaines. Ces mêmes voyageurs qui craignaient pour leur vie, la foudre venait la leur reprendre, comme si elle était dotée d’une volonté propre.

    Le guerrier avait proposé au garçon de le porter sur son dos afin de courir à travers les plaines. Le garçon marchait trop lentement par rapport au guerrier. S’il suivait sa vitesse de marche, ils perdraient trop de temps et s’exposeraient aux dangers des Plaines Foudroyées. Le garçon avait donc consenti à son idée.

    Il n’avait jamais fait preuve d’impudence durant leur voyage, il trouvait cela dénué de sens, pour un enfant comme pour un adulte. Il avait appris à agir en fonction de la nécessité de la situation, en usant de sa force d’Invokeur dans ce corps d’enfant, avec l’état et la situation que tout cela impliquait afin de poursuivre son voyage. Il faisait en sorte de ne pas commettre d’absurdité ou d’agir de façon inconsidérée, en restant concentré sans se montrer négligeant. Tels étaient les secrets d’un voyage. C’était la raison pour laquelle il avait accepté la proposition du guerrier sans objection pour arpenter les plaines.

     

    (15) Pour se rendre au temple de Macalania, il faut sortir de Guadosalam et passer par la Plaine Foudroyée. Comme le texte le mentionne, de nombreux Invokeurs perdent la vie dans cette région.

     

    Au cœur de la foudre

    Le guerrier traversait les plaines telle une flèche dans l’obscurité. Derrière lui, la foudre grondait, et devant lui, elle s’abattait en visant les voyageurs.

    « On dirait un cauchemar » murmura le guerrier.

    « On meurt si la foudre nous touche ? » demanda le jeune Invokeur.

    « Tu peux peut-être y survivre si tu te forges jusqu’au niveau des monstres… Mais en général, on y survit pas. »

    « Les anciens Invokeurs sont passés par là aussi ? Ceux d’avant la construction des tours je veux dire. »

    « Sûrement. »

    « Waouw. »

    Les éclairs tombaient de plus belle. Le guerrier se concentrait afin d’éviter la foudre. Son corps pouvait endurer un impact s’il venait à être touché, mais pas le garçon dont la constitution n’y était pas préparé.

    Le guerrier avait entrepris ce voyage afin que le garçon puisse apporter la Félicité qu’il souhaitait. Ainsi, pour lui, le protéger était sa priorité absolue. Au cœur de la foudre, il tenait la vie du garçon entre ses mains.

    Jamais il n’avait goûté à un tel sentiment d’urgence dans sa vie. Le poids d’une telle responsabilité était trop lourd.

    L’Invokeur cria : « Un monstre ! Il nous poursuit ! »

    Le guerrier sentait la présence du monstre derrière lui, mais il devait rester concentré sur la foudre. Il confia le monstre au garçon, toujours sur son dos qui invoqua une chimère, un cheval de foudre apparu alors sur les plaines et lança une attaque avec sa corne qui trancha le monstre. Pendant que le garçon attaquait sans relâche, le guerrier filait vers le nord en traversant la plaine. Devant eux, la foudre tout droit venue des cieux s’acharnait et le monstre terrassé se changea en furolucioles. Leur lutte finit par les amener près d’une petite hutte.

    C’était une petite auberge tenue par un jeune Al Bhed (16) Le tenancier les accueillit, leur proposa sa large gamme de produits avec le sourire. C’était aussi pour ces moments que le garçon aspirait à la Félicité.

     

    (16) Lors du voyage de Yuna, c’est l’auberge de Rin. Peut-être venait-il de lancer son commerce à l’époque où se déroule cette histoire.

     

    Pour que cesse la foudre

    Après une nuit de repos, l’Invokeur et le guerrier retrouvèrent les plaines telles qu’elles étaient la veille. Le jour et la nuit se confondaient sur les Plaines Foudroyées, les nuages recouvraient continuellement la région. Ils avaient jusque-là croisé cinq tours paratonnerres en tout. Une face à eux, une à gauche et deux à droite. L’on pouvait en apercevoir une autre entre les deux de droite. Parfois on voyait une sorte de fumée se dégager des tours. La sortie était encore loin. Mais il y en avait forcément une. S’ils continuaient d’avancer, ils finiraient bien par la trouver. Le duo reprit sa course effrénée.

    Des monstres de la partie sud des plaines les poursuivaient. L’un était une sorte d’insecte géant et l’autre portait une géante armure, ils attaquaient successivement les deux compères. L’Invokeur et le guerrier avaient développé une synergie au combat et maîtrisaient les lieux. Le guerrier portait son attention sur la foudre, le garçon attaquait avec ses chimères. Un parfait tandem. Mais la bataille commençait à peser sur eux, et à un moins d’un écart de force, les dégâts s’accumulaient sous forme d’épuisement, lentement, mais sûrement, et les forces des chimères s’amenuisaient. C’était inévitable, et l’on ne pouvait rien y faire. Ils ne pouvaient pas flancher, car il n’y a avait pas d’autre chemin que celui face à eux.

    Au moment où ils aperçurent la sortie, un groupe de monstres les attaqua. Des adversaires qu’ils n’auraient pas eu grand mal à abattre s’ils avaient été en parfaite condition, les monstres en question étaient un géant de fer  et un monstre cyclope. (17) Seulement, le guerrier et l’Invokeur étaient fatigués, et leurs ennemis redoutables.

    Le géant de fer balançait son épée de la taille d’un grand arbre mais le guerrier parait ses coups.  Il fut alors touché par une onde de choc au même instant que le monstre cyclope se déchaînait sur le garçon. Le guerrier mit toute sa vie en jeu pour le protéger mais fut mortellement touché. Il n’avait plus la force ni de fuir ni de tuer le monstre qui tenait son immense épée.

    L’Invokeur était désormais dans l’incapacité d’appeler d’autres chimères, il ne pouvait pas se battre pour protéger le guerrier. Il fouilla alors dans ses effets personnels, à la recherche d’un objet utile. Il apercevait l’ombre bleutée des montagnes. La sortie était proche ! Encore un peu, et le cauchemar de ces plaines prenait fin. Le garçon trouva un objet curatif. Le dernier en sa possession. Il le donna au guerrier.

     

    (17) Il s’agit de l’Ekarissor et du Buer.

     

    Et la foudre prit fin

    Le médicament avait stimulé les furolucioles dans le corps du guerrier qui guérit de ses blessures. Il se mit à décimer le groupe de monstres d’une force prodigieuse. Le garçon, aux portes de la mort, voyait le guerrier se battre d’un courage inébranlable.

    Ils avaient survécu. Les deux se renvoyèrent un sourire de soulagement.

    « Tu n’es pas mort le vieux ! Je peux terrasser Sin ! Il suffit de croire en nous si nous nous retrouvons dans le pétrin ! »

    Le garçon s’engagea vers la sortie des plaines.

    « Allons-y ! »

    Le guerrier se retourna en direction du garçon, qui marchait sur la roche mouillée par la pluie pour la première fois depuis leur arrivée dans les plaines.

    Puis un flash. Une obscurité blanche.

    Le guerrier n’eut même pas le temps de faire un pas. L’instant pour lui fut fugace. Pour le garçon, qui avait vu l’attaque survenir, l’instant fut comme une éternité. Puis la foudre frappa.

    En un instant, l’avenir du garçon prit fin.

    En un coup, ses aspirations furent brisées.

    Le garçon dont le cœur était rempli d’espoirs n’était plus qu’un corps sans vie, rigide sur le sol.

    Aucun autre Invokeur ne se trouvait aux alentours pour effectuer une cérémonie d’accompagnement.

    Le guerrier revit la perte de ses anciens camarades qui, comme ce garçon, n’avaient pas été envoyés dans l’Au-delà. Lui aussi allait devenir un monstre à son tour terrassé par un autre Invokeur. Si Sin n’avait pas existé, il aurait été encore en vie. Il n’aurait pas entreprit ce voyage qui l’avait amené à une mort certaine.

    Le guerrier enveloppa la dépouille du garçon et disparut dans les éclats de foudre des Plaines Foudroyées. Personne ne le vit plus jamais.

    Ainsi, le voyage d’un autre Invokeur prit fin.

     

    FINAL FANTASY X - WORLD GUIDE - LE VOYAGE D'UN GARÇON

     

    Traduction réalisée par Reikalight/Reika零 pour FINAL FANTASY MEMORY.

    Traduction terminée le 14/01/2024.

     

    Sources:  FINAL FANTASY X - WORLD GUIDE - YEVON'S DOGMA AND THE PEOPLE ON THE SPIRA (Pages 24 à 57)

     

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