STRANGER OF PARADISE FINAL FANTASY ORIGIN - PRÉSENTATION ET AVIS

STRANGER OF PARADISE FINAL FANTASY ORIGIN - PRÉSENTATION ET AVIS

 

STRANGER OF PARADISE FINAL FANTASY ORIGIN est un jeu de type action RPG spin off de la série. Développé par La Team Ninja (Nioh, Ninja Gaiden, Dead or Alive) ainsi que Koei Tecmo (Dynasty Warriors, Samurai Warriors, Toukiden) sorti le 18 mars 2022 sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox SeriesX/S et PC. Édité par Square Enix, le jeu est réalisé par Daisuke Inoue, écrit par Kazushige Nojima et produit par Jin Fujiwara ainsi que Tetsuya Nomura, avec la collaboration de différents membres de la Team Ninja notamment Hiroya Usuda pour la réalisation, Tomoco Kanemaki pour le scénario et Fumihiko Yasuda pour la production. Trois compositeurs ont travaillé sur la bande son : Naoshi Mizuta qui est le compositeur principal, accompagné de Hidenori Iwasaki et Ryo Yamazaki.

 

STRANGER OF PARADISE (SOP pour faire court) est un jeu dont l’idée originale provient de Nomura depuis quelques années déjà, à l'époque des Dissidia sur PSP. En effet, Nomura avait en tête deux concepts clés : le premier était d’élaborer un jeu d’action qui consisterait à arpenter différents donjons. Le deuxième de raconter une histoire centrée autour de Garland, personnage important mais inexploité du tout premier FINAL FANTASY. À l'époque, Nomura avait imaginé l'idée de périple d'un « homme en colère ». Ces concepts ont donc fini par fusionner et donner naissance à SOP. L’objectif était de raconter les origines des antagonistes là où le premier FF présentait ses protagonistes, les Guerriers de la Lumière. Le titre n’a également pas été choisi au hasard, puisqu’il évoque les origines « étrangères » de Jack et ses alliés, qui se posent des questions mais qui en suscitent également auprès des joueurs, faisant ainsi la thématique centrale du jeu ceux qui ne sont pas censés exister dans ce « Paradis », et les designs des personnages sont d'ailleurs pensés en ce sens. La progression de SOP est plutôt similaire à celle du premier FF, avec quelques variations : les donjons évoquent chacun un lieu lié aux 15 FINAL FANTASY principaux et l’Histoire du jeu, son univers et ses concepts ont été réécrits sans pour autant annuler et/ou remplacer le jeu original. Les développeurs ayant bien insisté que SOP n’était qu’une interprétation possible.

 

Une introduction emblématique

 

Le jeu se déroule dans un monde typé Dark Fantasy dans le royaume de Cornélia. Jack, le protagoniste ainsi que ses deux compagnons nommés Ash et Jed prétendent au statut de Guerriers de la Lumière de la prophétie de Lukahn sans pour autant en être totalement convaincus. Possédant tous les trois un cristal noir dans leurs mains, ils viendront dans un premier temps en aide au roi de Cornélia ainsi qu’à la princesse Sarah qui leur demandera de partir à la recherche d’un chevalier disparu nommé Garland.

 La prophétie est la suivante : Lorsque le monde sera plongé dans les ténèbres, quatre Guerriers de la Lumière apparaitront. L’équilibre du monde est normalement maintenu par les quatre cristaux élémentaires : celui du feu, de la terre, du vent, et de l’eau. Il incombe donc aux protagonistes de les restaurer. Comme expliqué précédemment, les différents donjons sont en effet inspirés des différents FF numérotés. Il ne s’agit pas de lieux transportés dans ce monde, mais plutôt de manifestations considérées comme des « Distortions ». 

 

Si vous êtes curieux, voici la liste des différents donjons ainsi que les épisodes évocateurs :

Temple du Chaos : Inspiré du Sanctuaire de Chaos de FINAL FANTASY I.

Port Maritime de Pravoka : Inspiré de la Grotte d’érosion de Sastasha de FINAL FANTASY XIV.

Le Fort Ouest : Inspiré du Château de Palamecia de FINAL FANTASY II.

Côte Illusoire : Inspiré de la Côte de Sunleth de FINAL FANTASY XIII.

Mirage de Cristal : Inspiré de la Tour de Cristal de FINAL FANTASY III.

La Forteresse Volante : Inspiré de la Tour de Babil de FINAL FANTASY IV.

Bois maudits : Inspiré de la Forêt Maléfique de FINAL FANTASY IX.

Mont Gulg : Inspiré de la Caverne de Feu de FINAL FANTASY VIII.

Mont Sacré Immaculé : Inspiré du Mont Gagazet de FINAL FANTASY X.

Caverne Terra : Inspiré de la Tombe de Raithwall de FINAL FANTASY XII.

Ruines Mécaniques : Inspiré des Ruines de Ronka de FINAL FANTASY V.

Palais Englouti : Inspiré du Réacteur Sous-Marin de Junon de FINAL FANTASY VII.

Tour des Anciens : Inspiré de la Tour de Delkfutt de FINAL FANTASY XI.

Citadelle des Vigiles : Inspiré de la Citadelle de FINAL FANTASY XV.

Continent Obscur : Inspiré du Continent Flottant de FINAL FANTASY VI.

 

Contrairement au premier donjon, le jeu est bien coloré.

 

SOP repose sur un système de combat particulièrement violent et impulsif. Nous contrôlons Jack qui peut endosser plusieurs jobs différents. L’équipe est composée de trois personnages maximum et les autres membres peuvent également évoluer. Les jobs sont personnalisés à travers un arbre de compétences dans lequel il est possible de débloquer des bonus de statistiques et des combos afin d’approfondir le gameplay. Une fois arrivé au bout de l’évolution, le joueur pourra alors débloquer d’autres jobs dans la lignée de celui-ci. Les jobs sont divisés dans différentes catégories : basique, supérieures et ultimes. L’amélioration d’équipement quant à elle dépend d’un système de loot où chaque équipement et arme possède un niveau de puissance mais aussi de rareté qu’il est possible de farmer dans les donjons. Plus la difficulté du jeu est élevée, et plus les récompenses seront importantes. Concernant la difficulté, le jeu dispose d’un mode facile (Flegme), normal (Frénésie) et difficile (Furie), et au vu de la difficulté parfois exigeante du titre, il n’y a aucune honte à jouer en facile... Veuillez d’ailleurs noter qu’une autre difficulté se débloque après avoir terminé le jeu, symboliquement nommée « Chaos » : la difficulté est maximale et permet de monter le niveau de ses jobs au niveau 99 là où les précédentes difficultés ne permettent pas d’aller au-delà du niveau 30.

Le jeu évolue à travers une carte du monde sur laquelle les donjons se révèlent petit à petit et où il est possible de gérer son inventaire, limité, au travers de la forge afin de désassembler ses pièces d’équipements inutiles permettant d’obtenir des matériaux nécessaires à l’amélioration de nos équipements essentiels. Les possibilités sont multiples puisque que chaque pièce d’équipement propose des effets variés : il est possible d’améliorer les effets, comme les dégâts de rupture (très similaire au système de Choc de FFXIII), la force, ou la durée d’effets bénéfiques. La modification d’effet permet de changer les effets si vous souhaitez complètement remanier l’arme ou l’armure et enfin augmenter le niveau de l’équipement grâce aux Fragments d’anima qui servent également à augmenter les niveaux des jobs.

 

Un menu qui peut évoquer celui de FFXV dans son style...

 

STRANGER OF PARADISE a rapidement été la cible de moqueries et ce avant même sa sortie. Différentes démos ont permis aux développeurs d’ajuster certaines mécaniques du jeu, et déjà à cette époque les joueurs mais aussi la presse se sont montrés critiques particulièrement sur l’écriture, le côté niais des personnages et le nom « Chaos » prononcé maintes fois dans le jeu. Sur ce point, Daisuke Inoue a expliqué que cette emphase sur le nom « Chaos » était bien volontaire afin d’insister sur le mystère qui entoure « Chaos » en tant que nom mais aussi en tant que concept, les deux notions étant intimement liées à Jack. Les développeurs étaient également assez inquiets et redoutaient un retour négatif du type « ce jeu n’est pas un Final Fantasy », mais au final, les retours sur le gameplay se sont plutôt montrés positifs.

 

Mais qu’en est-il réellement ? Exactement un an après sa sortie, j’ai enfin pu jouer à STRANGER OF PARADISE. Les critiques ne sont pas infondées : le jeu est bien écrit avec un style très niais et accentué au niveau de certains stéréotypes, et nous constatons au fil des heures que c’est un style bien assumé et volontaire qui peut déplaire. Cependant, le point qui m’a le plus surprise est la profondeur de son scénario totalement insoupçonnée si nous nous contentons des premières heures de jeu. Le jeu est une vraie réécriture de FINAL FANTASY I. Il reprend ses thématiques et idées inexploitées mais bien présentes dans celui-ci proposant ainsi une autre version de l’histoire sans l'impacter outre mesure. Le début du jeu laisse un sentiment bien confus et c’est aussi volontaire puisqu’au fur et mesure que l’histoire se développe, les tenants et aboutissants prennent forme et c’est à la fin que tout prend sens. Si l’univers de FFI était déjà assez sombre malgré les limites techniques de la Famicom, SOP va plus loin et propose un univers si sombre et mature qu’il pourrait être comparé à un certain Berserk. C’est ici que tout le contraste du jeu se joue, dans une étrange nuance de nanar et de maturité qui peut déstabiliser le joueur.

 

Une fin grandiose

 

Mais le bizarre ne s’arrête pas là. SOP porte sur lui le titre de jeu anniversaire pour les 35 ans de la série, et effectivement, il met à l’honneur les 15 épisodes principaux mais cela n’est pas si simple. STRANGER OF PARADISE est avant tout une lettre d’amour à FINAL FANTASY I de par sa construction narrative, sa progression, son gameplay et le rôle de ses donjons, malgré leurs évocations au reste de la série. Les gimmick de chaque donjon évoquent en revanche les FF concernés. Par exemple, la Caverne Terra est basée sur le Tombeau de Raithwall de FFXII, reconnaissable grâce aux murs démoniaques qui s’approchent dangereusement des personnages menacés de tomber dans le vide. Mention spéciale au donjon de la Citadelle des vigiles, dont le palais entier a été modélisé salle par salle avec une progression ainsi plus réussie que sa version dans FFXV, de quoi frustrer encore plus les fans au passage…

L’objectif de se lier ainsi à FFI est très honorable mais peut en même temps se montrer problématique : si de nombreux joueurs reconnaîtront les échos faits à FFVII ou FFX, il est difficile d’en dire autant pour le premier FF qui reste encore peu connu auprès des occidentaux. Je suis une grande admiratrice du premier épisode que j’ai terminé dans ses différentes versions à maintes reprises, et faire STRANGER OF PARADISE a été un véritable plaisir, d’autant que les références ne sont jamais outrancières, certaines sont même assez discrètes et demandent une connaissance parfois assez précise. Ce sens de la précision se retrouve dans la bande sonore de très bonne qualité : chaque donjon propose trois variations de thèmes issus du Final Fantasy dont le donjon est issu, créant ainsi une sorte de medley qui varie en fonction de la progression du joueur. Les références musicales incarnent un fan service discret et efficace où il faut parfois tendre une oreille attentive. 

Par conséquent, STRANGER OF PARADISE est un jeu aussi profond qu’étrange mais surtout intelligent qui rend avant tout hommage au jeu qui a permis à la série d’être ce qu’elle est aujourd’hui.

 

Sources :

https://www.digitaltrends.com/gaming/stranger-of-paradise-final-fantasy-origin-ending-interview/

https://www.square-enix-games.com/en_US/news/stranger-of-paradise-final-fantasy-origin-interview

https://press.na.square-enix.com/STRANGER-OF-PARADISE-FINAL-FANTASY-ORIGIN-ANNOUNCED-FOR-2022-RELEASE-O

https://www.square-enix-games.com/en_GB/news/stranger-of-paradise-final-fantasy-origin-famitsu-interview

https://www.thegamer.com/stranger-of-paradise-final-fantasy-origin-interview-daisuke-inoue-jin-fujiwara-fumihiko-yasuda/